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#bellhooks

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IRESMO- Recherche et formation sur les mouvements sociauxPourquoi des « brave spaces » ?Le brave space constitue une alternative à l’espace public dominant et aux safe spaces. Qu’est-ce qu’un espace public dominant ? L’espace public dominant se caractérise par une négation du ressenti des premiers/eres concerné/es et par une domination de l’espace conversationnel par les hommes adultes de classe supérieure relativement aux personnes des groupes socialement minorisés. Qu’est-ce qu’un safe space ? Le safe space (« espace sécuritaire ») est né dans les milieux LBTQIA+ de manière à être plus inclusif en particulier relativement au ressenti des premièr/es concerné/es. Néanmoins, le safe space présente l’inconvénient de ne pas favoriser une culture du dialogue critique nécessaire au développement de la cohérence dans la pensée et l’action. bell hooks considère ainsi sa classe comme un « brave space », plutôt que comme un « safe space » : « Mais je dois vous interrompre parce qu'en fait, je suis assez critique de la notion de sécurité dans mon travail, et ce que je veux, c'est que les gens se sentent à l'aise en cas de risque (…) Et donc pour moi, je suis très intéressé par ce que cela signifie pour nous de cultiver ensemble une communauté qui permette le risque, le risque de connaître quelqu'un en dehors de nos propres limites, le risque qu'est l'amour - il n'y a pas d'amour qui n'implique un risque. Je suis un peu méfiant parce que les Blancs aiment évoquer les «espaces sécuritaires »». (bell hooks “A Public Dialogue Between bell hooks and Laverne Cox ) Qu’est-ce qu’un brave space ? Espace d’encouragement à faire entendre des voix différentes. Le brave space (ou « espace d’encouragement »), comme le safe space, respecte le ressenti des personnes les premières concernées : leurs expériences vécues. Mais, il essaie d’aller plus loin. Il essaie de développer la cohérence intellectuelle par le dialogue et la cohérence pratique par le courage moral. Paulo Freire a mis en lumière que l’éducation devait rompre avec la culture du silence, c’est pourquoi il a appuyé sa conception de l’éducation sur le dialogue. De son côté, bell hooks voit le brave space comme un espace d’encouragement à faire entendre sa voix propre. Car pour elle, être capable de faire entendre une voix différente c’est prendre part à la lutte contre les rapports sociaux de domination : « Lorsque nous osons parler d'une voix libératrice, nous menaçons même ceux qui peuvent au départ prétendre vouloir écouter nos paroles. Dans l'acte de surmonter notre peur de la parole, d'être perçu comme menaçant, d'apprendre à parler en tant que sujet, nous participons à la lutte mondiale pour mettre fin à la domination. » Le brave space est donc un espace où l’on apprend à faire entendre une voix propre. Ce développement du courage moral de faire entendre une voix propre constitue une étape sur la cohérence pratique : « la cohérence entre ce que je pense, ce que je dis, ce que j’écris ». « Encore aussi importante que l’enseignement des contenus est la cohérence avec laquelle j’agis dans la classe, cohérence entre ce que je dis, j’écris et je fais. » (Paulo Freire, 1996). « L’intégrité est présente lorsqu’il y a conformité ou accord entre ce que nous pensons, nous disons et faisons. » (bell hooks, 2010). Le courage moral de mettre en cohérence sa pensée et son discours est donc une étape dans la recherche de cohérence pratique. Si déjà ce courage moral n’est pas développé, celui entre le discours et l’action ne peut pas être mis en œuvre. Le brave space : espace pour développer la cohérence de la pensée Mais, il faut bien comprendre que la cohérence pratique n’est pas possible sans une cohérence de la pensée. Sans la cohérence de la pensée, alors l’action devient elle-même totalement incohérente. La première recherche de cohérence est la cohérence interne de la pensée que bell hooks développe par des exercices spirituels : « Je suis une intellectuelle totale. Je dis aux gens que le travail intellectuel est le laboratoire dans lequel je vais tous les jours. (…) Quand je me réveille à 4 ou 5 heures du matin, je fais (...) mes méditations, puis j'ai ce que j'appelle mes «heures d'étude». J'essaie de lire un livre par jour ». (bell hooks) La dialogue critique doit permettre de développer la cohérence élargie. Cela veut dire la capacité de notre pensée à être résister aux critiques et à se modifier sous l’effet de la critique argumentée. Le dialogue critique s’effectue sans attaques personnelles et porte uniquement sur la cohérence interne ou élargie de l’argumentation. Questions : Est-ce qu’il n’y a pas une contradiction entre le fait de respecter le ressenti des premières concernées et le dialogue critique ? Un ressenti subjectif ne peut être nié. Si j’ai mal, alors personne ne peut nier ma douleur et savoir mieux que moi à quelle intensité j’éprouve une douleur. Mais la recherche de cohérence élargie repose sur la manière dont un jugement subjectif peut ou non être la base d’une réflexion collective. Pour cela, les objections ne doivent pas porter sur la vérité subjectif du ressenti, sur la personne de celui ou celle qui éprouve ce ressenti, mais sur la capacité à produire une pensée cohérente qui à une visée sociale, et non pas seulement individuelle. Si une personne pense qu’un tel cadre, le brave space, ne lui convient pas car elle ne souhaite pas avoir un dialogue critique ? Dans ce cas, le safe space est plus adapté. Car le brave space suppose de supporter de confronter sa pensée subjective, sa cohérence interne, à une critique argumentée de manière à développer sa cohérence intellectuelle élargie qui est la condition de possibilité de la cohérence pratique. Si une personne considère qu’un tel cadre ne lui convient pas car elle ne souhaite pas prendre la parole ? Il faut comprendre que c’est le cadre même de l’interaction dans le brave space : il faut accepter la critique argumentée et il faut être prêt-e à faire entendre sa voix propre. Ainsi, bell hooks prévenait les étudiant-e-s avant de s’inscrire dans son cours qu’ils et elles allaient devoir prendre la parole en public. Y-a-t-il des limites qui protègent les personnes ? Le dialogue doit être respectueux : pas d’attaques personnelles, pas de propos discriminatoires.
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#BlackHistoryMonth – Daily audio features

Posted February 6, 2024 by 'mpger

"#WMPG honors and celebrates Black History Month, You will hear stories about many different people from the Black community. From musicians to writers and actors, you’ll enjoy hearing a bit more about these well known and interesting people. A Tribe Called Quest, #EarthaKitt, #bellhooks, #JosephineBaker, Lewis Latimer, #BobTheDragQueen, Shirley Chisholm, Duke Ellington, #LeslieOdomJr., Angela Davis, #LeadBelly, #RobertLewis, #BeverlyGlennCopeland, #AudraMcDonald, #ClaudetteColvin, #JohnBrownRusswurm, Leonard Cummings, and Macon Bolling Allen."

Link to embedded audio:
wmpg.org/black-history-month-d
#BlackHistory #BlackMusicians #BlackHistoricalFigures #WMPGFM #CommunityRadio

wmpg · Black History Month - Daily audio features - wmpgBlack History Month — WMPG honors and celebrates Black History Month,  You will hear stories about many different people from the Black community.

 "el activismo más básico que podemos tener en nuestras vidas es vivir conscientemente en una nación que vive en fantasías. Vivir conscientemente es vivir con un núcleo de autoestima saludable. Enfrentarás la realidad, no te engañarás." bell hooks

Le dernier chapitre de l'autobiographie de bell hooks, Noir d'Os (Bone Black: Memories of Girlhood (1996), traduit en français chez Plon en 2024)

On notera qu'on écrit le prénom aussi bien que le nom en minuscules. bell hooks (un pseudonyme forgé à partir des noms de sa mère et sa grand-mère)
Ce qui compte, c'est la « substance des livres, pas ce que je suis ».

Une voix majeure de l'afro-feminisme.

"La solitude m’amène aux confins du monde connu. Mon âme est sombre comme le monde intérieur de la grotte – noir d’os. Je me suis enlisée dans cette noirceur. Tels des sables mouvants, elle m’aspire et me retient là, dans l’étendue de toute ma souffrance. Je ne dis jamais à voix haute que je pourrais mourir dans cette étendue de solitude, de marginalité. Je ne laisse jamais échapper que j’ai envie de me donner la mort, de m’enfuir. Je ne confie jamais à personne à quel point je voudrais trouver ma place. Le prêtre que j’ai rencontré m’a vue au bord d’une falaise, sur le point de sauter, et m’a fait reculer. Ce n’était pas une vraie falaise, seulement celle que je porte en moi. Avant de se rendre dans ce lieu réel d’où l’on saute pour embrasser la mort, cette mort s’envisage. Et c’est ainsi que lui me trouve, dans cet endroit sombre à l’intérieur de moi, dans l’obscurité noir d’os où je rêve à ma fuite.

Il envoie une étudiante passer du temps avec moi pendant la retraite. Elle me donne les Lettres à un jeune poète de Rilke. Je suis en train de sombrer et ses mots viennent à mon secours. Rilke m’aide à donner un sens à la souffrance que je ressens. C’est lui qui me parle, désormais, et me pousse à entrer en moi-même pour sonder les profondeurs depuis lesquelles ma vie prendra son essor. Enfin, je ne suis plus seule. On m’a vue.

Je lis des poèmes. J’écris. C’est mon destin. Au bord de la falaise, sur le point de tomber dans l’abîme, je me rappelle qui je suis. Je suis une jeune poétesse, une écrivaine. Je suis là pour produire des mots. J’ai le pouvoir de m’arracher à la mort, de me maintenir en vie.
Désormais, quand ils me disent que je suis folle à lier, que si je continue à lire tous ces livres, je vais finir cinglée, enfermée dans un asile où personne ne viendra me voir – désormais, leurs mots ne me font plus aussi peur. Rilke donne un sens au désert spirituel dans lequel je vis. Son livre est un monde dans lequel j’entre et me retrouve. Il m’indique que derrière tout ce qu’il y a de terrible se cache en réalité une chose impuissante qui réclame notre aide. Je lis et relis les Lettres à un jeune poète. Je me noie et c’est le radeau qui me ramène saine et sauve sur le rivage.
Désormais, quand je suis étendue la nuit, pensant qu’il vaudrait mieux mourir que de rester pour toujours incomprise et ressentir une telle souffrance, je sais que je ne suis pas seule. Allongée dans l’obscurité, je me répète les mots suivants : « Ne croyez pas que celui qui s’efforce de vous réconforter vit sans tourment. » Je souffre encore. Daddy Gus dit que ma souffrance ne durera pas éternellement. Qu’un jour, je repenserai à tout ça, et que ça n’aura plus d’importance.

Je prends mon livre pour lui en lire des passages. Comme Rilke, il m’encourage à ne pas avoir peur de regarder profondément en toute chose, à ne pas redouter même la souffrance. Je peux lui dire, à lui, mon grand-père qui m’aime d’un amour inconditionnel, que je veux faire partie, que ça fait mal de ne jamais être à sa place nulle part. Il me dit qu’il y a bien des façons d’appartenir à ce monde. Et que c’est à moi qu’il revient de trouver la mienne.

La nuit, quand tout est calme et silencieux, je m’allonge dans l’obscurité de ma chambre sans fenêtre, l’endroit où ils m’ont exilée pour me bannir de la communauté de leurs cœurs, et je tente de trouver un chemin jusque chez moi en tâtonnant dans l’immobilité noire. Je me raconte des histoires, j’invente des poèmes, je consigne mes rêves. Dans mon journal, j’écris – j’appartiens à cet espace de mots. La voilà, ma maison. Cette grotte intérieure, cette grotte noir d’os depuis laquelle je suis en train de créer un monde où j’aurai ma place."