J'ai reçu mon diplôme par la poste, et je me suis fait inviter à la collation des grades.
J'irai pas (y peuvent ben crever les caves) et ce sera difficile de résumer en peu de mots pourquoi j'ai accumulé autant de frustrations envers le milieu universitaire et l'école en général.
J'ai beaucoup de respect et même d'admiration pour une poignée de profs et chercheur-e-s et je vise pas tout le monde.
Mais c'est un milieu dégueulasse et coupe-gorge (comme plusieurs autres).
Pendant la majorité de mon parcours, je n'avais pas envie de m'apitoyer sur mon sort, pour notamment des raisons que j'évoquerai pas mais aussi parce que je suis un-e mauvais-e élève. Indiscipliné-e, pas fiable, cachottier/ère, brouillon-ne, de mauvaise foi avec les figures d'autorité, et pas assez doué-e pour me faire pardonner. Je me suis souvent dit que mes misères, c'était en grande partie de ma faute.
Mais à force de voir des gens se faire broyer - principalement des personnes racisées, mais pas que - j'ai fini par comprendre qu'il y avait autre chose.
J'essaie pas de me faire des faux-semblants en me racontant l'histoire quasi-fictive d'une self-made truite, non-binaire, fière et ingouvernable qui a courageusement affronté l'establishment universitaire et fini par décrocher un diplôme, envers et contre toustes. Ce n'est pas le «mérite» qui m'a amené-e là.
L'injustice rend nulle la valeur de nos diplômes (en sciences dures aussi).